Les actus
Lu dans la presse

Revue de presse, septembre 2018

La littérature scientifique de ces derniers mois est riche en publications sur le tabagisme et ses conséquences.

Sevrage tabagique : l’argument de la prise de poids ne tient plus

Que penser des conséquences de la prise de poids tant redoutée suite au sevrage tabagique ? Certains poussent même le raisonnement assez loin, à savoir renoncer à l’arrêt du tabac par crainte de l’augmentation du risque cardiovasculaire inhérent à une prise de poids conséquente. Un éclairage est donné par l’analyse de trois cohortes américaines ayant suivi des professionnels de santé sur une durée de près de 20 ans en moyenne : la Nurses Health Study (NHS), la Nurses Health II  (NHS II) et la Health Professionals Follow-up Study (HPFS).

Plusieurs révélations sont issues de cette analyse groupée portant sur plus de 300 000 individus. Tout d’abord, le risque de diabète de type 2 est réel, mais transitoire. Il est en moyenne 22 fois plus élevé dans les 2 à 6 ans après le sevrage comparé à ceux qui ont continué à fumer. Il faudrait 30 ans sans tabac pour que ce risque retombe au niveau de celui des non-fumeurs. L’augmentation du risque est proportionnelle à la prise de poids et vaut surtout pour les surcharges pondérales importantes. Il est en effet nul si la personne est parvenue à conserver son poids. Il augmente de 15% chez ceux qui ont pris entre 0,1 et 5 kg, 36% chez ceux qui ont pris entre 5 et 10 kg et 59% chez ceux qui ont pris plus de 10 kg.

En dépit de cela, il n’y a pas eu de surmortalité, notamment cardiovasculaire, chez les fumeurs abstinents. La mortalité globale et la mortalité cardio-vasculaire diminueraient rapidement avec l’arrêt du tabac et pour très longtemps. La longévité de ceux qui avaient arrêté de fumer par rapport à ceux qui continuaient était plus élevée, sans que l’on retrouve l’impact de la prise de poids à l’arrêt du tabac.

Conclusion : si vous hésitez encore, sachez que les bénéfices santé restent largement en faveur de l’arrêt de l’intoxication tabagique, en termes de mortalité cardiovasculaire et globale. Se faire aider pour éviter de prendre du poids peut s’avérer nécessaire.

N Engl J Med 2018 ; 379 : 623-632.

 

Le tabac, un « sérieux facteur de risque » de psychose ?

C’est ce que suggère une vaste étude finlandaise sur 6 081 fumeurs et non fumeurs, nés en 1985-1986 et suivis entre l’âge de 15 et 30 ans. Comparativement aux non-fumeurs, ceux ayant fumé plus de 10 cigarettes/jour à l’adolescence auraient un risque environ trois fois plus élevé de développer ultérieurement un trouble psychotique, vers l’âge de 30 ans. Le danger de la cigarette ne se placerait donc plus uniquement sur le plan cardiovasculaire et pulmonaire mais aussi psychiatrique. Cette étude jette un pavé dans la mare ; cette relation étant connue depuis longtemps mais de manière inversée c’est-à-dire que le tabagisme est généralement vu comme une réaction à une psychopathologie préalable (fumer dès l’adolescence comme solution à des difficultés d’ordre psychotique). Les auteurs ont tenu compte des facteurs confondants pour éliminer cette possibilité.

Acta Psychiatr Scand; 2018: 138: 3–4 & Acta Psychiatr Scand; 2018: 138: 5–14.

 

La hausse du prix du tabac profite aux plus pauvres

Une étude de modélisation a été conduite sur 500 millions d’hommes fumeurs dans 13 pays à revenus intermédiaires. Elle tord le cou à l’idée que l’augmentation des taxes sur le tabac pénaliserait davantage les plus pauvres. Si avant la hausse du tabac, les fumeurs se recrute plutôt chez les plus pauvres, l’augmentation du prix inverserait cette tendance, avec l’arrêt du tabac pour 67 millions de personnes dont 23 millions dans le groupe aux plus faibles revenus contre 3 millions dans le groupe des plus fortunés. D’où une mesure gagnante pour les 20 % de la population les moins riches en termes d’années de vie gagnées, par rapport aux 20 % les plus riches (1,46 années contre 0,23). Les dépenses de santé seraient d’autant plus importantes chez ces derniers (46 milliards de dollars contre 10 milliards). Environ 8,8 millions d’hommes, la moitié parmi les 20 % les moins favorisés, éviteraient alors de tomber dans l’extrême pauvreté, conséquence en particulier du financement des soins pour des affections liées au tabac. Par ailleurs, les plus riches mettraient deux fois plus la main au portefeuille avec l’envolée des taxes récoltées (122 milliards supplémentaires). Les buralistes ou l’industrie du tabac ne seraient donc pas à la peine, ce que l’on entend trop souvent.

BMJ 2018; 361: k1162

 

Vapoter, le premier pas dans le tabagisme ?

Si la cigarette électronique peut inciter bon nombre de fumeurs à cesser le tabac, quid des non-fumeurs qui fument la cigarette électronique juste pour le plaisir ? Les études se contredisent mais l’une d’entre elles va dans le sens d’autres récemment publiées sur le sujet. Les chercheurs ont observé plus de 32 000 américains non fumeurs âgés entre 18 et 30 ans et dont 2,5% vapotaient. En prenant en compte tous les biais possibles (démographie etc.), un utilisateur sur deux entrait dans le tabagisme traditionnel suite au vapotage régulier, soit un risque 6,8 fois plus important.

Am J Med., 2018 ; 131: 443.e1-443.e9.

Cet article n’a pas répondu à ma question, pourquoi ?

Dans le but de vous informer au mieux dites-nous …

Merci pour votre message !