Philippe Poncet n’est pas un malade BPCO tout à fait comme les autres. A 56 ans, ce Savoyard ancien sportif de haut niveau, prépare une nouvelle tentative de record du monde sur 200 mètres arrêtés, pour laquelle il se devrait se lancer en octobre 2016 sur le vélodrome national de Paris-St-Quentin-en-Yvelines. Entre temps, il aura organisé autour de Hyères, dans le massif des Maures, une course cycliste de 46 km à laquelle s’associera une quinzaine de malades BPCO venus de France et de l’étranger dans le cadre d’une épreuve cyclo-sportive organisée par Lucien Aimair, ancien champion de la petite reine et du tour de France il y a tout juste 50 ans.
C’est en 2013 que Philippe lance son 1er défi à la maladie qui le prive de l’essentiel de ses capacités respiratoires depuis 2008 et qui l’inscrit au stade 4 de l’échelle de la sévérité avec une « insuffisance respiratoire définitive ». « Je n’aurais jamais du commencer à fumer durant ma carrière ultérieure de musicien, qui me conduisit de mon petit village de Savoie à Londres, avec les ambiances et les affres des années 80 mais personne ne pouvait prévenir à cette époque», dit-il alors. Mais le mal est fait et Philippe entend vivre avec sans baisser les bras à aucun moment.
Il créé son association de patient, « 02&Cie », qui illustre son état (il est sous 0², c’est à dire sous oxygène en permanence) et signifie qu’il ne veut pas mener seul son combat contre la BPCO. Il considère surtout qu’il n’est plus possible de laisser les victimes de la BPCO dans le silence et entend mener autant de batailles que nécessaire pour traquer ce « tueur silencieux » que les autorités de santé ignorent quand elles évoquent la lutte contre le tabac. Ses armes seront ses jambes et ses talents de communicant. Il mobilisera à cet effet tout le gotha des anciens champions cyclistes français et fera appel aux fabricants et prestataires de matériel pour insuffisants respiratoires. En 2013, il décide de grimper les pentes du col de l’Espigoulier, (une grimpée de 13 km avec 11 % de dénivelé), aux côtés de Christian Seznec, ancien bras droit de Raymond Poulidor. Un coéquipier grimpant à ses cotés portera sa bouteille d’oxygène. Un an plus tard, il se lance sur le vélodrome de Hyères, pour inscrire un record mondial du tour de l’heure pour le moins inédit. L’épreuve sera bouclée en effectuant 23,849 kms en 60 minutes, en compagnie de Jean-Jacques Roux, généraliste à Tullins (38) qui a couru à ses côtés en portant sa bouteille d’oxygène. En juin 2015, il s’engage pour inscrire un autre record du monde à son palmarès : celui du record de vitesse sur 200 mètres, en départ lancé, qui effectuera sur le vélodrome de Grenoble-Eybens. Le meilleur performeur français réalise sur cette épreuve un temps de 9 secondes 947, à 77 km/heure. Philippe réalisera 15’814, un exploit pour un malade respiratoire. Un mois plus tard, il s’inscrit sur l’épreuve cycliste de Lucien Aimar, celle-là même pour laquelle il invite en septembre 2016 les malades BPCO à s’engager à vélo sur les 46 km de l’épreuve « Le souffle pour la vie », autour de Hyères.Cette course sera la 1ère rencontre internationale de malades BPCO engagés sur une épreuve cyclo-sportive de 46 kms, réalisée dans le massif des Maures, dans l’arrière pays d’Hyères.
Inépuisable dans ses exploits sportifs, Philippe l’est également dans ses engagements pour la BPCO. « Il faut une vraie politique de prévention », martelle-t-il à Paris en novembre 2015 lors du lancement de son opération « Il y a urgence pour la BPCO », qu’il renouvellera en 2016 pour la prochaine Journée Mondiale de la BPCO ». « Je continuerai tant que j’aurai du souffle pour rester en selle « , répète-t-il également.