Témoignages

« 60 ans, 60 parcours de golf »

Patrice Scanu, 60 ans et atteint de BPCO

« Sur un parcours de golf, plus personne n’est invalide ». Cette phrase de Patrice Scanu, malade BPCO à un stade très avancé, lui vient du cœur et d’une souffrance quotidienne. Très tôt, à l’âge de 46 ans, Patrice Scanu a découvert qu’il était atteint de cette maladie respiratoire incurable : la Bronchopneumonie Chronique Obstructive (BPCO). Elle a fait de lui « un invalide », comme il se décrit lui-même, avec une perte considérable de 74% de sa capacité respiratoire.

14 ans plus tard, il s’apprête à faire son « Tour de France » des golfs. Sa manière à lui de fêter ces années de  vie supplémentaires inespérées, malgré une VEMS désormais à 28%. C’est aussi quatorze ans de pratique du  golf. Selon ses propres termes « le golf est une thérapie, c’est un bonheur de vie. Je n’estime pas être un malade « battant ». Pour moi, tout simplement, vivre est une lutte difficile quotidienne que j’adoucis en enchaînant les « 18 trous » ».

Vivre la BPCO sur le green l’a sauvé car le golf lui a permis de sortir de chez lui, de maintenir une activité physique minimale accessible malgré son handicap sévère, d’oxygéner le corps comme l’esprit et de conserver une vie sociale. Un sport qui cumule vertus physiologiques, psychologiques et sociales. « Savoir que je vais partager, le temps de quelques heures, un parcours avec un ami me rend joyeux, se réjouit-il. Un « bon coup » me plonge dans une joie qui me fait oublier la maladie. En effet, être essoufflé au moindre geste, souffrir… ne nous rend pas content de nous-même. Dans la pratique du golf en revanche, les moments d’émerveillement nous font basculer du côté des gens normaux. Sans compter l’intérêt pédagogique, car je suis un exemple vivant des méfaits de la cigarette ».

Au cours de l’année 2017-2018, Patrice parcourra la France et enchaînera soixante de ses parcours de golf. Le coup d’envoi de ce projet personnel sera donné le 2 août prochain lors de son anniversaire. Près d’une cinquantaine de terrains de golfs l’ont déjà invité à fouler leur gazon. Reste à boucler la logistique et le budget !

Son espoir ? Démocratiser le golf comme c’est le cas outre-Atlantique pour que chacun puisse découvrir ce sport accessible à beaucoup de personnes, quel que soit leur état de santé et en tirer un plaisir certain. Si Patrice Scanu regrette que la BPCO ne soit pas considérée comme un handicap et lui permette de se mesurer aux autres à l’occasion des compétitions « handigolf », il en a pris son parti et préfère finalement rivaliser avec les « valides ». « Ne pas arriver dernier du classement, voire accéder au trio de tête est une profonde satisfaction et une victoire ! Cela procure l’illusion éphémère de ne pas être malade ».

5000 followers accompagnent Patrice sur sa page Facebook (Patrice Scanu).

Propos recueillis par Hélène Joubert, journaliste