Témoignages

« Être ACO, c’est la double peine »

Denis Talandier, 59 ans, malade BPCO et asthmatique (Charente-Maritime)

Denis Talandier souffre d’ACO. Ces trois lettres ne désignent pas une nouvelle maladie bronchique mais le chevauchement, chez une même personne, entre deux maladies affectant les bronches : un asthme et une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). D’où l’acronyme d’ACO pour Asthma-COPD overlap en anglais. L’ACO est caractérisé par une obstruction persistante des voies aériennes possédant à la fois les caractéristiques habituellement retrouvées dans l’asthme et la BPCO. En conséquence, Denis reçoit un double traitement car chez lui, les deux pathologies sont au premier plan. A la dyspnée (gêne respiratoire), sifflante, paroxystique de l’asthme s’ajoute celle provoquée par la BPCO et un essoufflement, du fait de la réduction de la capacité respiratoire.

Si le handicap est certain et quotidien, Denis ne s’épanche pas sur ses symptômes. Il maintient relativement bien les deux maladies sous contrôle et ne s’en laisse pas conter : ancien chef d’entreprise ayant connu une descente aux enfers familiale, financière et professionnelle, puis agent en intérim et commercial, il est lucide et sait que sa BPCO est un mauvais point, a fortiori à cet âge, lorsque l’on cherche du travail. En conséquence, il tait sa maladie, sauf lorsqu’il y est contraint. Après avoir perdu un emploi où il devait travailler dans le froid (par 5 degrés) ce qui exacerbait sa BPCO et l’a conduit à l’hôpital, il a enchaîné les postes. Il vient de retrouver du travail en juillet 2018 comme conducteur d’ambulance, un poste où la BPCO ne le gênera « pas trop ». Le moral est plutôt au beau fixe. Mais Denis revient de loin.

Petit retour en arrière. En 2014, la toux matinale n’est plus supportable. Denis consulte alors son médecin généraliste qui l’adresse à un pneumologue. Le double verdict tombe. « J’ai toujours été très fortement allergique et j’avais même tenté une désensibilisation au pollen par le passé. Personne n’y avait pensé mais il s’agissait en réalité d’un asthme allergique [une maladie inflammatoire des bronches, liées à l’inhalation d’allergènes, ndlr]. Enfin, à l’âge de 55 ans, le pneumologue l’identifie pour la première fois, et ceci simultanément à une BPCO sévère (VEMS de 30%) ! ». Désormais stabilisé, sous traitement (5 prises par jour), Denis tousse moins le matin, est moins essoufflé, reste sensible à la pollution et aux pollens mais vit nettement mieux.

Après un burn-out en 2014, il renoue aujourd’hui avec la stabilité et reconstruit sa vie affective et professionnelle. Il sait que le travail sédentaire d’ambulancier devra être compensé par une activité physique régulière. Il reprendra probablement la marche, activité qu’il affectionne et pratiquait jusqu’à il y a peu de temps. Il décidera peut-être, sous la pression de ses proches, d’arrêter la cigarette, qui l’accompagne depuis l’adolescence. Une « impérieuse nécessité » reconnait-il, mais aussi l’une des épreuves qu’il ne s’est pas encore résolu à affronter.

Propos recueillis par Hélène Joubert.